La nature sacrifiée sur l’autel économique

"L’article «Un pont pour enjamber frontière des langues et ruisseau de l’Enfer», le 28 juillet, relève l’aspect sauvage et romantique de l’endroit et parle d’un écrin de nature sauvage, d’un site enchanteur. Je connais cet endroit et la vallée du Höllbach par cœur, car je m’y rends souvent pour photographier. Vu le contexte actuel, la description que l’auteur de l’article fait de cet endroit me rend triste et elle prend même un aspect sarcastique. En effet, le Conseil d’Etat fribourgeois, peu soucieux du maintien et de la sauvegarde du dernier recoin de nature sauvage dans le canton, vient de déclasser la région voisine en zone spéciale, qui ouvre la voie à la construction de neuf éoliennes sur les crêtes du Schwyberg qui surplombent le Höllbach et le Plasselbschlund.

Ainsi, il réduit ces deux magnifiques vallées à leur unique et horrible fonction de caisse de résonance pour ces monstres bruyants de 145 mètres de haut. Il en sera fini de l’ambiance idyllique et romantique! Fini l’aspect sauvage et pur de l’endroit. Que pèse le début du retour du grand tétras dans la région contre les intérêts politico-économiques?

La décision du Conseil d’Etat a été facilitée par le fait que la minorité singinoise ne sait pas se défendre et n’a pas de représentant politique assez engagé et culotté pour s’opposer aux décisions discriminatoires du Conseil d’Etat.

On a sauvé le Moléson et la Gruyère de l’antenne de l’armée, mais on sacrifie volontiers la Singine et sa nature pour se profiler comme écologique et pour satisfaire les membres du conseil d’administration de Groupe E. Cela me rend triste."

Markus Peissard,

Tinterin

Source et original : courrier des lecteurs, La Liberté